[Survol des règles] et [Critique] –
Normalement, j’aime faire la critique de jeux de société qui m’allument. Des jeux qui ont un « je ne sais quoi » qui les font se démarquer des autres. Vous comprendrez donc mon excitation lorsque je suis tombé sur ce titre offrant aux joueurs la possibilité de s’affronter lors d’une joute où seul l’un d’entre eux en ressortira gagnant, tout en incarnant des personnages aux capacités et mécaniques de jeu uniques. Donc sans plus tarder, voici Merchants Cove.
« Qu’est-ce qui t’as autant allumé Simon? »
Un des aspects qui m’a le plus interpellé est évidemment le fait que chacun des joueurs a la possibilité d’incarner un marchand ayant un procédé unique de fabrication d’objets.
Bien que le placement d’ouvriers soit la trame de fond de tous les personnages, une mécanique de jeu unique a été pensée pour chacun d’eux afin qu’ils puissent produire (ou dénicher) des objets qu’ils vont ensuite vendre aux aventuriers venus s’approvisionner à la Baie des Marchands.
« Oh! Peux-tu nous parler des personnages?
Le Forgeron fabrique des armes et des armures à l’aide de différents métaux qui formeront les alliages nécessaires à la confection de ses objets, tout en gardant un œil sur la température de ses fourneaux. La couleur des dés représente les divers métaux disponibles et leur valeur représente la chaleur qui s’accumule dans ses fournaises. (Gestion de dés)
Le Chronomancer et son assistant stabilisent et explorent des failles temporelles à l’aide de deux machines à voyager dans le temps. En changeant certaines pièces de ces machines, ils seront en mesure de visiter différentes époques et ainsi ramener différents items. (Mouvement sur piste et placement de tuiles)
L’Alchimiste infuse des potions à l’aide de différents ingrédients. Tout d’abord, elle les laisse décanter et espère provoquer des réactions en chaîne lors sa prochaine récolte. Ensuite, elle distribuera ce qu’elle a recueilli parmi ses différents chaudrons afin d’exécuter, au choix, une ou plusieurs des 3 recettes disponibles dans son grimoire. (Set collection)
Enfin, la Capitaine explore les mers avoisinantes à la recherche de poissons, mollusques et trésors afin de les ramener à sa boutique. Une petite pichenette sur sa boussole lui permettra de parcourir de plus grandes distances, mais les pièces maudites d’un mystérieux trésor lui compliqueront la tâche. (Mécanique de déplacement sur grille)
« OK, mais… comment je gagne? »
Le but du jeu est d’être le marchand le plus riche. Il vous faudra donc vendre le plus d’items au plus grand nombre d’aventuriers possibles.
La taille des objets déterminera à quel quai la vente s’effectuera et la couleur des objets déterminera à quels aventuriers lesdits objets pourront être vendus (les objets rouges seront vendus aux aventuriers rouges, les objets verts aux aventuriers verts, etc.)
Pour savoir combien d’argent une vente rapporte, multipliez la valeur des objets vendus par le nombre d’aventuriers de la même couleur présents sur le quai où la vente est effectuée.
Ex. : Ici, vendre des petits objets jaunes est très avantageux puisque la valeur de CHACUN de ces petits objets jaunes sera multipliée par 4 (Les deux bateaux du centre accostent au quai central et c’est au quai central que les petits objets sont vendus).
« Alors Simon, toujours allumé!? »
Honnêtement… Pas autant que je l’aurais aimé. Au risque d’être redondant, c’est l’asymétrie du jeu qui a permis à Merchants Cove de se tailler une place jusque dans ma ludothèque.
Lorsqu’est venu le temps de soutenir ce projet sur Kickstarter, je me disais « Wow! J’ai tellement hâte d’essayer tous les différents personnages et leur mécanique individuelle. Ça l’air génial! »
Pour ça, je dois avouer que les créateurs ont très bien fait leur travail. La thématique de chacun des personnages est parfaitement intégrée à leur mécanique de jeu unique.
Cependant, mon appréciation de ces différentes mécaniques s’est rapidement estompée quand j’ai compris que Merchants Cove était beaucoup plus proche d’un jeu d’intuition et de spéculation que d’un jeu de placement d’ouvriers coupe-gorge comme je les aime.
Ce sont les opportunités de ventes qui dictent ce que les joueurs vont vouloir produire et cet aspect du jeu est tellement important que les joueurs en oublient presque d’apprécier le caractère unique de leur personnage.
« Tu n’as peut-être pas compris le jeu Simon »
Effectivement, c’est peut-être simplement moi qui n’ai rien compris aux subtilités de Merchants Cove. Mais, honnêtement… Je m’attendais à autre chose qu’un jeu de probabilités, où il faut prendre en considération le nombre d’aventuriers sur la table versus ceux qui restent dans le sac de piges, pour ensuite faire un calcul mental et estimer les probabilités qu’une couleur sorte plus qu’une autre, pour enfin choisir ma stratégie de manche et produire la bonne couleur d’objet.
« Mais il y a aussi des cartes, non? »
Les créateurs ont bien essayé de mitiger le hasard des ventes en permettant aux joueurs d’engager des habitants de la ville pour les faire travailler dans leur établissement. Cependant, les manches sont tellement courtes qu’il est difficile de fabriquer des objets tout en gardant un œil sur les clients qui approchent, en plus de gérer les cartes Habitants du plateau central.
J’ai d’ailleurs négligé cet aspect du jeu et je crois que c’était une erreur de ma part, puisque recruter des villageois permet d’augmenter la force de votre équipe de travail et votre équipe de travail vous offre de la flexibilité au niveau de la gestion de vos ressources et/ou au niveau de votre inventaire.
« Mais on va se le dire, il est beau! »
Il est beau, c’est vrai. The Mico s’en est donné à coeur joie et les illustrations tomberont très certainement dans l’œil des fans de la série de jeux « … du Royaume de l’Ouest. »
Par contre, la qualité du matériel est assez médiocre à mon avis. Certains bateaux se sont déchirés lors de l’assemblage et d’autres composantes sont mal ajustées. J’ai même dû avoir recours à un scalpel pour ajuster certaines pièces et à de la colle pour en sécuriser/réparer d’autres.
En conclusion
Comme stipulé lors de mon introduction, j’avais beaucoup d’attentes vis-à-vis ce jeu. La qualité du matériel et l’asymétrie de chacun des personnages, le tout mélangé à de la gestion des clients sur un plateau central, me semblait être une recette extrêmement prometteuse. Mais malheureusement, dans mon cas, « la mayonnaise n’a pas pris » comme on dit.
J’ai trouvé que les manches se terminaient trop rapidement pour permettre aux joueurs d’exploiter les particularités propres à leur personnage respectif et ainsi bâtir une réelle stratégie unique.
Heureusement, la thématique est superbement intégrée et les personnages sont bien pensés. J’ai d’ailleurs très hâte d’essayer l’Éleveur de Dragons, l’Aubergiste et l’Oracle qui sont de nouveaux personnages disponibles en extra.
Si vous avez vécu une expérience différente que la mienne, n’hésitez pas à vous exprimer en me laissant un commentaire.
Bonne partie!
P.-S. :
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Si vous avez acheté la boîte Secret Stash, il y a un personnage caché quelque part.
Titre : Merchants Cove
Auteurs : Jonny Pac, Carl Van Ostrand, Drake Villareal
Illustrations : The Mico (Mihajlo Dimitrievski)
Nombre de joueurs : 1 à 4 [idéal à 3] (Jusqu’à 5 avec extensions)
Durée : 60-90 minutes
Âge : 14 ans +
Mécaniques : Placement d’ouvrier, Asymétrique, Spéculation