[Critique] –
Gentes est un jeu de société plutôt singulier offrant des variantes originales à des concepts déjà bien établis. Si je résumais l’essence d’une partie en quelques mots, je dirais qu’il s’agit d’un IMMENSE jeu de drafting d’action. Un genre d’anti-placement d’ouvriers doublé d’une mécanique de set collection et d’un système de points d’actions habilement intégré à sa thématique.
« Donc, c’est un jeu à forte thématique? »
Hé bien non… En fait, mon bon ami Arnaud et moi discutions justement de cela et il soutenait que la thématique du jeu semblait un peu « collée » à la mécanique. Je dois avouer qu’il est vrai qu’on pourrait lui apposer, à peu près, n’importe quel thème sur le dos sans toutefois altérer les mécaniques du jeu.
L’auteur le décrit comme « [Un jeu où] les joueurs tenteront de guider leur peuple à travers les hauts et les bas de l’histoire, en essayant d’obtenir une place permanente dans les annales de l’histoire. Ils entraîneront leurs Nobles, Soldats, Prêtres, Artisans, Marchands et Savants dans le but de bâtir des villes et construire de grandioses monuments. »
Personnellement, je trouve le thème relativement correct même s’il n’est pas particulièrement excitant.
« Quelle est la mécanique principale? »
Gentes est un jeu de drafting d’actions géant. Autrement dit, au début d’une manche, toutes les actions possibles sont disponibles.
Au fur et à mesure que les joueurs exécutent leur tour, les tuiles décrivant ces actions disparaissent lentement du plateau central, ne laissant que des options moins avantageuses. Il faut donc bien gérer ses priorités et ses ressources, car les actions seront de plus en plus chères et demanderont aux joueurs de faire des choix toujours plus déchirants les uns que les autres.
« De la gestion de Ressources? En quoi ce jeu est-il original? »
Tout d’abord, il y a les pièces de monnaie. Une ressource centrale dans le déroulement de la partie, quoique sans grande originalité. Elle sert surtout à déterminer la force des actions en augmentant la disponibilité des cartes Monuments et en diversifiant les types de formations pour votre population.
La monnaie est principalement produite par l’action « Impôts », par la construction des villes et/ou lors de la phase de déclin (aussi appelée « Phase de nuit » ou « Fin de manche »).
Lorsqu’une ville est bâtie, elle active toutes les autres villes de la même région. On pourrait dire qu’elles sont des générateurs de ressources et de points de victoires. Il ne s’agit pas d’un jeu de contrôle de territoires avec beaucoup de confrontation.
Ensuite arrive la notion de Temps et de Population. C’est probablement de là que provient l’originalité de Gentes. Toutes les actions ont un coût en argent, mais surtout en temps. Chacune des tuiles actions sélectionnées par le joueur actif doit être placée sur sa piste individuelle, suivie des sabliers nécessaires à la réalisation de cette tâche. Ces tuiles et ces sabliers consomment ainsi votre précieux temps! Il sera donc vital pour chacun des joueurs de bien gérer les espaces disponibles sur leur piste respective afin de pouvoir réaliser le plus d’actions possible en une seule manche.
La population, quant à elle, représente les différents prérequis nécessaires à la construction des nombreuses cartes Monuments disponibles. Comme ces dernières sont la source principale de points de victoire, il est vital de bien gérer sa population en fonction des cartes que vous aurez en main (ou à l’inverse, de bien sélectionner les cartes Monuments à ajouter à votre main en fonction de votre population.)
Votre peuple est divisé en trois pistes hébergeant chacune deux types de population.
Il y a :
– La piste des Nobles et des Artisans;
– La piste des Soldats et des Marchands;
– La piste des Prêtres et des Savants.
Ce qu’il y a de particulier sur ces pistes c’est que les marqueurs de population de gauche ne peuvent jamais dépasser les marqueurs de population de droite (vis et versa). Il y aura donc un conflit lorsque l’un ou l’autre des types de population d’une même piste devra augmenter et qu’il n’y aura plus de case vide disponible.
Ex. : Ici, puisque les marqueurs Nobles et Artisans sont face à face, un joueur désirant entraîner un Noble doit reculer son marqueur Artisans d’une case.
« Est-ce que c’est bien complexe? »
Malgré un niveau de complexité avoisinant les 3.25 sur BGG, Gentes demeure un jeu accessible grâce à son iconographie incroyablement efficace. Effectivement, une fois les symboles assimilés (et il n’y en a pas tant que ça à maîtriser), le jeu est relativement direct. Autrement dit, c’est principalement dans la gestion de vos priorités que vous ressentirez son agréable complexité.
J’espère vous avoir donné envie de redécouvrir ce titre tombé un peu dans l’oubli.
Bonne partie!
+ Original. Les pistes de Temps et de Population sont particulièrement bien pensées.
+ Pas trop long. Une fois les règles bien assimilées, il y a peu de temps mort et la partie tourne bien.
+ Juste assez complexe. Simple dans ses mécaniques, complexe dans ses choix déchirants.
– La thématique. Certains le trouveront monotone et peu stimulant.
– Hasard. Bien qu’il y ait très peu de hasard, le marché des cartes Monuments pourrait avantager momentanément certains joueurs.
Titre : Gentes (version Deluxified)
Auteur : Stefan Risthaus
Illustrations : Harald Lieske, Adam P. McIver
Nombre de joueurs : 1 à 4 joueurs
Mise en place : 5-7 minutes
Explications : 20-30 minutes (pour une première partie)
Temps de jeu : ± 150 minutes (selon le type de joueur)
Âge : 12 ans +
Mécaniques : Drafting d’actions, Gestion de ressources, Points d’actions, Set collection, City building.